L''annonce redoutée. On savait pourtant qu'elle planait. Mais là, c'est concret. Bim. En pleins dans nos têtes de jeunes garçons, en pleine pubertés et pourtant, qui croyaient encore en la notion de famille. Mais là, plus rien. Je ne dit rien. Mon père a un faciès coupable, mais c'est ma mère que je fixe d'un air de reproche. Mais je sais que mon avis ne compte plus, pas plus que celui de mon frère.



Je reboutonne ma chemise, sans oser le regarder. Pourtant, dans mon dos, je sens son regard brûlant. Cela revient toujours. Je me retourne finalement, en soupirant. « J'suis désolé. » Il hausse les épaules. Je rougis légèrement, et baisse le regard, honteux. « Moi aussi, je suis désolé., qu'il lâche. Désolé de ne pas pouvoir continuer avec un mec qui n'assume pas son homosexualité. » Je reste silencieux. J'attrape mes dernières affaires, et quitte sa chambre, sa maison, sans rien ajouter.

Aussitôt dehors, je glisse entre mes lèvres une clope, et l'allume en bougonnant. Je fous toujours tout en l'air. Je soupire, envoyant se perdre dans le vent une bouffée de ma fumée toxique. Ses mots trottent dans ma tête, malgré tous mes efforts pour les effacer. Un mec qui n'assume pas son homosexualité. C'est ce que je suis. Un lâche. Qui n'ose pas s'affirmer. Je soupire une seconde fois, traînant des pieds. Je leur annoncerai. Je l'annoncerai au monde entier. Un jour, quand je serai sûr et confiant, que le monde entier ne me rejettera pas.



Je n'écoute pas la suite. Les mains dans les poches, les écouteurs vissés dans les oreilles, j'ai autre chose à faire que d'écouter le baratin de ma mère, et de faire connaissance avec ce parfait inconnu, et sa gamine. Je hoche la tête, façon d'être poli, et de paraître intéressé. Je ne peux m'empêcher de penser que les efforts de ma mère pour créer un semblant hypocrite de famille sont vains. Je lui lance d'ailleurs un énième regard de reproche, mais ne décroche pas un mot.



Tous le même baratin, ces agents immobiliers. Si nous avions choisi toutes les maisons qui « feraient notre bonheur », nous aurions acquit une petite demi-douzaine de maisons. Je soupire, lâchant le groupe pour visiter de moi même les lieux. Je lance un regard complice à Margaret, avant de m’éclipser en souriant du salon en pleine visite. C'est une sacrément vieille baraque, aux allures de maisons hantées. Cela me fait rire. Je grimpe les grands escaliers doucement, et visitant de moi même l'étage, curiosité oblige. Un craquement me fait sursauter lorsque je pénétre dans une des pièces. Je me retourne, et ne voyant rien, m'insulte de ma propre stupidité et en déduisit que le groupe vient juste de monter.

D'ailleurs, quelques minutes après, j'entends ma mère crier mon nom. Je mets quelques minutes à revenir, d'un pas nonchalant et lent, celui qui a le don de l'agacer au plus au point.



Je soupire. Je n'ai jamais demandé à avoir un psy. Pourquoi les parents pensent que si on ne se confit pas à eux, on arrivera à s'expliquer à des inconnus ? Quelle logique... je ne comprend pas, vraiment. Alors je hausse les épaules. Je fais mine d'être intéressé.



La blondinette installée sur mon lit me sourit, et hausse les épaules. Finalement, elle m'explique je ne sais trop quoi, et je l'écoute pas vraiment. Au pire, la normalité, c'est pas mon truc. Je soupire, m'étale sur mon lit. Cette fille est étrange, ouais, c'est sûr.


Ok. Je ne suis toujours pas intégré dans ce fichu lycée. Je n'adresse toujours pas la parole à ma mère et à Enis. Par contre, j'ai trouvé d'autres confidents. Ce psy, qui finalement me sert plus que je n'l'aurais pensé, et cette fille là, Violet. A l'heure actuelle ce sont les deux personnes qui sachent vraiment mon orientation sexuelle. Peut-être bien que Margaret le sait aussi, mais elle l'aurait seulement deviné. Iggy n'est pas assez perspicace pour cela.